Hommage à L'Atalante (1990), un film de Jean Vigo

Heureuse vie, à bord de L'Atalante !

Chronologie du tournage de l’Atalante

Cette chronologie a été extraite du livre de Pierre Lherminier paru aux éditions Seghers en 1967 consacré à Jean Vigo.

(c) tous droits réservés.

PRINTEMPS-ÉTÉ 1933.

En dépit de l’interdiction de Zéro de conduite, J.-L. Nou­nez souhaite poursuivre son activité de producteur, et il est résolu à ne pas abandonner Vigo. Il est donc assez vite envisagé de mettre en chantier un nouveau film, de long métrage cette fois.
Divers projets avaient été ébauchés déjà au cours de l’hiver, alors même que Zéro de conduite était en cours de réalisation. Une sélection s’est opérée peu à peu, et lorsque la question se pose sérieusement, en avril-mai, deux projets surtout retiennent un moment l’attention de Nounez et de Vigo : il s’agirait dans le premier cas d’un film sur le cirque et dont l’interprète principal serait le clown Beby (Clown par amour) ; dans le second cas, d’un film inspiré par la vie de l’ancien bagnard Dieudonné. Ce dernier projet surtout est poussé assez loin, mais Nounez opte en défi­nitive pour un scénario assez anodin d’un auteur inconnu, Jean Guinée : L’Atalante.

Peu séduit d’abord par le sujet, Jean Vigo se laisse convaincre par Albert Riéra des possibilités dont il dispose d’en faire une oeuvre per­sonnelle.

Un jour Nounez m’a téléphoné, m’a fait venir et m’a dit « voilà, j’ai perdu de l’argent avec Vigo, mais ça ne fait rien. Vigo a beaucoup de talent, et je vois ce qu’il faut pour lui. Il faut lui donner un scénario vraiment très anodin ; alors là il va se dépenser avec tout son génie mais la censure ne pourra pas intervenir. Et c’est ce que je vais faire. J’ai un scénario pour lui, ça s’appelle L’Atalante, je vais le lui donner. » Quand Vigo a lu ce scénario, il m’a dit : « Mais qu’est-ce que tu veux que je foute avec ça, c’est un scénario pour patronage, enfin il n’y a rien. » Je lui ai répondu : « Je suis d’accord avec toi, c’est une histoire très banale, mais malgré tout il y a la façon de la raconter. » Il me dit : « Oui, évi­demment, » Et alors, là, son oeil s’est allumé. Il a commencé à s’intéresser à la question.

(Albert Riéra, déclaration à la Télévision française.)

Le scénario est communiqué à Vigo le 26 ou 27 août 1933.

Le 31, il écrit à Eugène Merle pour lui demander d’intervenir auprès de Georges Simenon pour lui demander quelques conseils, quelques tuyaux : 1° Coins intéressants (canaux, éclu­ses). 2° Villages à mariniers. 3° Collections photographiques.
« De telle sorte que je puisse gagner du temps et ne pas être obligé de remonter tous les courants à la nage pour dénicher les endroits typiques. »
Simenon, qui lui répond aussitôt, lui dit qu’ « il est difficile de le ren­seigner sans connaître le scénario ». Il lui indique pourtant tout un choix de canaux et autres cours d’eau, les uns pour le cas où Vigo voudrait « une navigation intense dans un cadre assez sinistre », les autres pour celui où il préférerait au contraire « des décors quiets, de la joie de vivre, des barriques de vin, des gens endormis sur les talus, toute une vie facile et pittoresque ». Il précise aussi : « Si vous voulez de la navigation intensive avec remorqueurs, trains de péniches, tracteurs électriques, etc., il faut aller vers Conflans, ou alors remonter vers Lille ou vers la Sambre. »
Le projet se précise à la fin de l’été.

Vigo et Riéra établissent l’adap­tation et le découpage, enrichissant le sujet à la faveur de longues conver­sations émaillées de souvenirs et d’anecdotes.

Riéra, qui connaissait Michel Simon depuis l’époque où, acteur lui-même, il avait eu l’occasion de jouer à ses côtés, le présente à Vigo. La rencontre a lieu dans la loge de l’acteur au théâtre du Gymnase. L’accord de Michel Simon pour inter­préter l’un des principaux rôles de L’Atalante achève de décider Vigo à réaliser ce film, et les conversations du cinéaste et de son interprète contribuent à donner au personnage du « père Jules » (entièrement créé, d’ailleurs, par Vigo et Riéra) toutes ses couleurs.

Nounez, de son côté, conclut de nouveaux accords avec Gaumont­-Franco-Film-Aubert, qui accepte de participer également à ce film (1). G.F.F.A. s’efforce en même temps de s’entourer de garanties, et demande notamment qu’un écrivain connu revoie les dialogues ; ce sera Blaise Cendrars, mais celui-ci, après lecture du découpage, ne voit rien à y ajouter et se récuse. (1) – Selon le témoignage de Henri Beauvais, Nounez avait constitué pour produire L’Atalante, une nouvelle société, en association avec son ami André Julfriche, banquier au Mans.

17 OCTOBRE 1933.

Interrompant la préparation de L’Atalante, Jean Vigo est à Bruxelles, pour présenter Zéro de conduite au club de l’Ecran, sur l’in­vitation de son animateur André Thirifays. Il prononce à cette occasion le texte connu sous le titre de « Présentation de Zéro de conduite ». Divers autres ciné-clubs belges mirent ensuite ce film à leur programme, et la presse spécialisée du pays lui consacrera des articles souvent plus lucides que ceux de la critique française.

20 OCTOBRE-10 NOVEMBRE 193.

Les derniers détails du tournage de L’Atalante sont réglés. Les acteurs principaux : Michel Simon, Dita Parlo, Jean Dasté, sont engagés par Vigo et Nounez, en plein accord (et, sans doute, après approbation de Gaumont-F.F.A.). Vigo et Riéra complètent la distribution en mobilisant les amis. L’équipe technique est également cons­tituée.

NOVEMBRE-DECEMBRE 1933.

Réalisation de L’Atalante (début vers le 10 no­vembre), d’abord à Conflans-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise), à proximité du confluent de l’Oise et de la Seine (2), puis sur la péniche La Louis XVI, rebaptisée en Atalante, au cours d’un périple fluvial qui conduit l’équipe sur les eaux de l’Oise et de la Seine, du canal Saint-Denis et du canal de l’Ourcq, avec divers séjours sur celles du bassin de La Villette, à Paris, proche des Buttes-Chaumont et du Studio Gaumont où se tournent les séquences d’intérieur. Les extérieurs sont défavorisés par un temps très dur, avec froid, pluie, neige et gel, et la santé de Jean Vigo est à nouveau menacée.
(2) Selon Salés-Gomès, ce serait à Maurecourt. En fait Conflans et Maurecourt sont deux localités voisines, celle-ci sur l’Oise, celle-là sur la Seine, de part et d’autre du confluent, et il est probable que le tournage a em­piété sur le territoire de l’une et de l’autre.

JANVIER 1934.

Le tournage se poursuit tant bien que mal, malgré les dif­ficultés. Les conditions atmosphériques et l’état de Jean Vigo imposent diverses interruptions. Mais le travail n’est jamais abandonné. Les retards qui s’accumulent amènent cependant Gaumont à prendre une attitude de plus en plus dure, et quelques plans prévus au découpage doivent être supprimés, d’autres abrégés ou simplifiés par souci de réduire le prix de revient du film.
Le travail s’achève pratiquement à la fin du mois, sauf quelques plans de raccord et les images de la fin, qui seront tournés par Kaufman dans les premiers jours de février, suivant les instructions précises données par Vigo.

FÉVRIER 1934.

Avant la fin de la première quinzaine, un premier montage est établi. Jean Vigo, accompagné de Lydu et de quelques amis de l’équipe, quitte Paris pour Villard-de-Lans. Pierre Benielli, ami connu au temps du séjour à Nice et animateur du Ciné-Club de Grenoble, a préparé leur arrivée et retenu leurs chambres à l’hôtel « L’Edelweiss ». Ils y séjournent à peu près un mois.

MARS 1934.

Au retour de Villard-de-Lans, la santé de Jean Vigo ne s’est pas améliorée, et il doit s’aliter. Louis Chavance travaille seul au mon­tage définitif du film. La musique est, une fois de plus, l’oeuvre de Maurice Jaubert.

AVRIL 1934.

Le montage terminé, une projection privée est organisée pour Nounez, la direction de Gaumont et les principaux techniciens. Peut-être Vigo peut-il encore y assister (1). Les distributeurs, convaincus à l’avance de l’échec commercial de ce film, demandent des coupures. Louis Cha­vance suggère la suppression de deux plans secondaires, suppression que Vigo approuve et qui donne satisfaction à G.F.F.A. (2). Nounez, pour sa part, confiant jusqu’au bout dans le génie de Vigo, accepte le film tel qu’il est, mais se résigne aux modifications demandées.

(1) Selon Salès-Gomès, Vigo, revenu malade de la montagne, put encore assister à deux projections de son film. Mais Albert Riéra ne se souvient de sa présence qu’à une seule projection antérieure à son départ pour Villard-de-Lans, et où il ne pouvait donc s’agir que du premier montage. (2) Cf. « Encore un mot sur l’Atalante a, par Louis Chavance, Cahiers du Cinéma, n° 53, décembre 1955.

25 AVRIL 1934.

Présentation « corporative » de L’Atalante, au cinéma « Palais Rochechouart », 56, boulevard Rochechouart à Paris-18° (salle du circuit Gaumont). Le public, composé en grande partie d’exploitants de salles, ne marque qu’un très faible intérêt pour ce film. Quelques critiques assistent également à la projection, et certains d’entre eux prennent parti au contraire pour le film de Vigo. Plusieurs articles paraissent dans la presse spécialisée au cours des semaines qui suivent.
Les réactions des exploitants sont cependant essentielles aux yeux des dirigeants de G.F.F.A., et l’accueil réservé à L’Atalante les amène à envisager des modifications importantes. Ils convainquent Nounez (qui n’a pas la possibilité de défendre longtemps un film qui ne semble pas, tel qu’il est, pouvoir trouver aisément son public) d’accepter d’inclure à la partition musicale de Jaubert l’air d’une chanson célèbre Le Cha­land qui passe, du compositeur italien C. A. Bixio, et que chante Lys Gauty. Le film lui-même est débaptisé et prend le titre de la chanson. Selon Nounez et Riéra, Vigo s’est lui-même résigné, quoique à contre­coeur, à ces interventions qui paraissaient nécessaires pour sauver com­mercialement le film (1). Il en est probablement de même pour Jaubert, sans l’accord de qui rien n’aurait pu être fait.

(1) D’autres témoins importants, comme Claude Aveline et Charles Gold­blatt, assurent au contraire que Vigo a violemment réagi contre cette trans­formation.

JUILLET 1934.

L’Atalante (dans sa version originale, seule connue alors) fait partie de la présélection française pour le Festival de Venise. Mais il ne sera pas retenu dans la sélection définitive.
Au cours des dernières semaines, l’état de santé de Jean Vigo s’est encore aggravé. Fernand Després, écrivant à Pierre de Saint-Prix, parle d’un pauvre malade que la médecine soigne sans espoir (18 juillet). Il est atteint d’une septicémie à streptocoques, maladie aujourd’hui assez aisément dominée, mais devant laquelle la médecine d’alors est à peu près impuissante (2).

(2) Il semble que le témoignage de Fernand Després, ami très proche de Vigo depuis toujours, et qui a pu s’entretenir avec ses médecins, suffise à confirmer la nature exacte de sa maladie.

AOÛT 1934.

Progrès constants de la maladie de Jean Vigo.
« Aucune amélioration dans son état. Tous les jours, forte température, sueurs nocturnes (on le change trois fois par nuit). Maigreur extrême. Inappétence. Et malgré cela, une constante bonne humeur, enjouement, rires, calembours (souvent spirituels). L’autre jour, j’étais dans une pièce voisine. Il était avec le principal interprète de son film L’Atalante ; sou­dain, j’entends un éclat de rire. Et ce n’était pas l’acteur qui riait ainsi… »

(Fernand Després à P. de Saint-Prix, 13 août.)

SEPTEMBRE 1934.

Vers le 12 ou le 13, Le Chaland qui passe sort en exclusivité au cinéma « Colisée », autre salle du circuit Gaumont, 40, avenue des Champs-Elysées (1).
De nombreuses critiques, souvent élogieuses quoique généralement assor­ties de réserves, sont consacrées au film. Mais l’accueil qui lui est fait par le public est médiocre, et l’exclusivité cessera dès la fin du mois. D’autres sorties auront lieu, avec le même résultat, dans quelques villes de province, et très vite l’exploitation commerciale sera pratiquement totalement interrompue.
Au même moment, Jean Vigo s’affaiblit chaque jour un peu plus.

« Je ne sais si Jean Vigo sera vivant encore lorsque tu recevras ma lettre. Depuis un mois, il a trouvé le moyen, lui si maigre déjà, de se réduire chaque jour un peu plus. A force de volonté, il se nourrissait un peu — si peu ! Mais depuis quelques jours, il ne peut supporter aucune alimentation, si légère soit-elle. Le cœur fléchit. Il est souvent somnolent. Sa voix n’est plus qu’un souffle.
Hier, lorsque je suis allé le voir, le docteur s’efforçait, par des piqûres d’huile camphrée, de ranimer le cœur défaillant. Dans la pièce voisine, il y avait Jean Painlevé, Aveline et moi. Nous nous regardions avec le sentiment de notre faiblesse devant le mal envahissant. J’ai pu ensuite converser avec Jean, qui m’a expliqué que depuis le matin il avait d’in­coercibles nausées… Il a rendu de la bile. Une immense cernure entoure ses paupières. Ses lèvres sont décolorées. Son visage, réduit, est celui d’un petit enfant (…). Le malade s’affaiblit d’heure en heure. Ces jours-ci, il avait encore parfois un visage souriant. Il s’animait dans la conver­sation, exprimait ses sentiments avec verve. Hier, il était bien éteint. Devant ses amis, il esquissait un sourire pâle. Il m’a dit un jour : « Je me suis tué avec L’Atalante. »

(Lettre de Fernand Després à Pierre de Saint-Prix, 27 septembre.)

(1) Cette « sortie » dans l’une des meilleures salles de son circuit permet de penser que G.F.F.A. « croyait » davantage au film qu’on l’a laissé enten­dre. Elle suffit en tout cas à annihiler les soupçons de « sabotage » qui ont parfois été exprimés. Il en est de même pour la date de sortie, considérée dans la profession comme une « bonne date », alors qu’une sortie plus rapide se serait située dans l’été, époque réservée, elle, aux « fonds de tiroirs ».

OCTOBRE (1″ au 4 octobre) 1934.

Un léger espoir d’amélioration, auquel les amis de Vigo ne veulent pas tout à fait croire, se produit dans son état, dès le soir du 30 septembre.

« L’état de Jean Vigo est certes très alarmant; l’autre jour, à la suite de vomissements de bile, il était devenu cadavérique. Il était aussi bas que possible. Les médecins semblaient avoir perdu tout espoir. A le voir, on devinait la fin proche. Et voici que la température, qui était invariablement, vers 10 heures du soir, de 39°8, est tombée. Le thermomètre marque 37°5. Le malade ne s’alimente pas. Il boit péniblement du jus de fruit, de l’eau de Vittel ou du tilleul. Cependant, hier, il a réclamé du chocolat au lait. On lui en a servi un bol qu’il a mangé en y trempant du pain. Il paraissait content. C’est la première fois, depuis sept mois qu’il est couché, qu’on le voit manger avec satisfaction.
Mais il se plaint de rhumatismes. Il dort mal et sa fatigue est extrême.
Que signifie la chute de la fièvre ? Je ne sais — comme toi — s’il s’agit d’un signe favorable ou néfaste ? Je ne connais pas les médecins. En général, ils sont pessimistes. C’est un mal dont on ne guérit pas. La volonté de Jean est grande. Il veut guérir. Il me l’a dit. Si on pouvait l’aider… Renseigne-toi. Le mal est connu (septicémie, streptocoques)…

(Fernand Després à Pierre de Saint-Prix, 1°` octobre.)

5 OCTOBRE 1934.

Au matin, l’amélioration subsiste, et Fernand Després se force à l’optimisme.

« Que les renseignements que je t’ai donnés sur la santé de Jean ne te détournent pas de lui écrire. Un mot de toi lui donnera du réconfort. Tu pourrais lui dire que je t’ai tenu au courant de l’heureuse amélioration survenue dans son état : la chute de la fièvre, premier symptôme heureux, signe avant-coureur de la guérison.
(Entre nous, je n’en suis aucunement certain, mais il faut stimuler le goût de vivre de ceux qui n’ont que trop tendance à le perdre.)
Jean veut vivre. Il veut guérir. Il me l’a confié. Il a des projets pour sa convalescence. Il veut faire de nouveaux films. »

(Fernand Després à Pierre de Saint-Prix, 5 octobre.)
Mais le même jour, à 21 heures, Jean Vigo est mort.
Quelques instants plus tard, Lydu tente de se précipiter du haut d’une fenêtre de l’appartement. Des amis l’en empêchent, mais son état de dépression sera tel qu’elle devra être conduite en clinique le lendemain. Elle en sortira dans les derniers jours du mois.

8 OCTOBRE 1934.

Obsèques de Jean Vigo au cimetière de Bagneux, où repo­sent déjà les restes d’Almereyda (son père). Dans l’assistance, Fernand Després et les amis du temps de l’anarchie reconnaissent Emily Clero, la mère de Jean Vigo.
L’après-midi du même jour, Le Chaland qui passe est présenté salle « Adyar », dans le cadre d’un « hommage à Michel Simon ».
Ce jour-là et les suivants, la presse française consacre quelques articles à Jean Vigo, soulignant l’originalité de son oeuvre et les promesses qu’elle contenait. Il en est de même dans la presse belge (1).
(1) L’Atalante, dans sa version Chaland qui passe, sera projeté en Belgique dans le courant de 1935. Une version plus proche de l’Atalante originale sera présentée le 24 octobre de la même année au « Club de l’Ecran » d’André Thirifays. Le public britannique, pour sa part, pourra voir l’Atalante et Zéro de conduite dès 1934, et la critique la plus influente, dont John Grierson, se fait l’écho chaleureux de ces projections.

1939.

Lydu, qui n’a pas réussi à combler le terrible vide de sa vie (1), meurt le 24 avril. Elle est enterrée le 26, à son tour, au cimetière de Bagneux.
Henri Beauvais, qui a cessé en 1937 d’exercer les fonctions de directeur de la distribution de Gaumont-Franco-Film-Aubert et qui a fondé sa propre société de production et de distribution, Franfilmdis, s’assure la propriété des droits d’un stock d’anciens films Gaumont, parmi lesquels Taris, Zéro de conduite et L’Atalante.

(1) 1. Elle écrivait le 3 juillet 1936 à Mine de Saint-Prix « Ma petite fille grandit, elle va bien. Quant à moi, je cherche en me rendant utile d’essayer de combler un peu le terrible vide de ma vie. »
Elle s’occupait alors avec sa soeur Genya des activités de la « Société des Amis de la nation polonaise », dont Mme de Saint-Prix avait accepté la Présidence.

30 OCTOBRE 1940.

Reconstitué par les soins de Henri Beauvais dans une forme sinon exactement conforme (comment le savoir ?), du moins aussi voisine que possible du film voulu par Vigo, L’Atalante commence sa véritable carrière au studio des Ursulines. Excellent accueil d’une grande partie de la critique. Succès commercial relatif : trois semaines d’exclu­sivité aux « Ursulines », mais l’exploitation se poursuit tant bien que mal pendant quelque temps dans les salles de quartier et en province.

1945.

Henri Beauvais (vraisemblablement en novembre) présente Zéro de conduite à la commission de contrôle des films (censure) et sollicite un visa d’exploitation, qui lui est accordé sans discussion (visa n° 1808). Ainsi « libéré », ce film commence à son tour sa véritable carrière
publique (1). Il est programmé en novembre 1945 au cinéma « Panthéon » avec Espoir d’André Malraux.

(1) Sa projection en séances privées n’ayant jamais été interdite, il avait pu être présenté fréquemment en ciné-clubs.

1950.

Août-Septembre. Au « Festival du Film de Demain », organisé sous l’égide de la Cinémathèque Française, projection de L’Atalante, dans une copie complétée par Henri Langlois grâce à diverses « chutes » de film que lui a confiées Henri Beauvais. Il ne s’agit pas d’une version « intégrale » (sans doute impossible à reconstituer), mais en tout cas, probablement de la plus complète possible.

Pierre Lherminier. Jean Vigo. Seghers. 1967

C’est cette version qui sera montrée pendant des dizaines d’années jusqu’à la restauration en 1990 de Jean-Louis Bompoint et Pierre Philippe. (ndlr)

Haut de page


Leave a Reply