Hommage à L'Atalante (1990), un film de Jean Vigo

Heureuse vie, à bord de L'Atalante !

1990 – Les notes de restauration de l’Atalante bobine par bobine de Jean-Louis Bompoint

MÉMORANDUM TECHNIQUE

CF = Rushes Cinémathèque Française.

LAVANDE-CF = Copie lavande Cinémathèque Française.

CQP-CRB = « Le chaland qui passe »- Cinémathèque Royale de Belgique

BFI = Copie CEX #1957 H d’origine GFFA – 1934 – British Film Institute, National Film Archives.
Tous les négatifs et lavande provenant de la Cinémathèque Française ont été nettoyés et restaurés au sein des Laboratoires DAEMS.

À partir de ces éléments ont été tirés un contretype, un marron, un positif de travail et un contretype pour la restauration de la copie d’exploitation 1990.
La piste sonore du film a été reconstituée à partir des éléments cités dans la liste des abréviations.

BOBINE #1

Nouveau générique (Michel GONDRY & Studio EXPOSURE) avec dédicace à l’attention d’Antoine SAND, petit-fils de Jean VIGO.
– Les époux marchant devant les meules de foin (CF).
– Les époux marchant dans les fougères (CF).
– Gros plan de la remise du bouquet par le gosse aux époux (CF).
– Le Père Jules fait embarquer Juliette sur la péniche (CF).
– Une paysanne se signe (BFI-Truqué).
– La péniche accoste (CQP- CRB).
– Durée bobine #1: 11′ 53″

La première bobine a été relativement facile à restaurer.

La musique du générique toujours mutilée dans toutes les copies que nous avons pu visionner a été finalement retrouvée intacte avec son introduction dans la copie BFI.

Pour la suite de la restauration, Luce VIGO nous est venue en aide en nous confiant toutes les notes techniques et les souhaits esthétiques écrits de la main de son père, nantis du scénario et du découpage technique définitif dactylographié par Lydu VIGO et Jacqueline MORLAND .

Grâce à ces documents inespérés et inédits, (ils ne sont même pas présents au sein de l’ouvrage de Pierre LHERMINIER), nous avons pu découvrir que VIGO souhaitait que Michel SIMON se dédouble, par le biais d’un trucage optique, pour se battre avec lui même dans la scène du pancrace. J’informais immédiatement Claude COPIN du délicat trucage à effectuer. Quand Gérard SOIRANT fit les premiers essais, les résultats dépassaient toutes les espérances… VIGO avait eu là une idée de génie, malheureusement refusée à l’époque par les producteurs. En 1990, justice était faite.

BOBINE #2

– Jean tire le fil à linge (Lavande-CF).
– Le Père Jules donne son linge (Lavande-CF). Réintégration de la scène de Raspoutine (BFI) et intégration du plan inédit (et flou…) de Jean & Juliette à la lessiveuse, chantant ensemble Le chant des Mariniers. (CF).
– Juliette plonge la tête de Jean dans le seau (CF).
– Le pancrace du Père Jules (BFI-Truqué sur deux plans par le Studio EXPOSURE).
– Juliette sort son siège pliant depuis la proue de la péniche (CF – Son reconstitué artificiellement à partir de différents morceaux de la piste sonore du film, sur deux bandes, par JL.BOMPOINT).
– Mise en place d’ambiance sonore sur la séquence de la péniche coincée dans la brume (même procédé sonore cité précédemment).
– Depuis la péniche, le gosse jette une caisse dans l’eau. (CF).
– Jean et le Père Jules cherchent Juliette (CF).
– Le père Jules quitte la péniche en maugréant et se dirige vers la cabane aux chats et leur donne à manger (BFI + CQP-CRB).
– Durée de la bobine #2: 12′ 30″

BOBINE #3

– Dernier plan de la séquence de l’écluse (Lavande-CF) : Raccord musique dans la séquence de l’écluse.
– Durée de la bobine #3: 10′ 48″

BOBINE #4

Dans cette quatrième partie, d’épineux problèmes furent à résoudre dans la mesure où nous disposions de l’image de certaines séquences sans avoir pu retrouver les sons correspondants.
– Il y avait tout d’abord la scène où le Père Jules allume une cigarette et la place dans son nombril (CF).

J’ai du opérer de la manière suivante afin de reconstituer la bande sonore et le dialogue de Michel SIMON:
a) Détection labiale muette du dialogue de Michel SIMON.
b) Analyse des phonèmes du dialogue de Michel SIMON.
c) Recherche dans la piste sonore du film entier, de tout phonème de la voix de Michel SIMON correspondant à la détection labiale établie.
d) Isolement des phonèmes recherchés sur 35m/m magnétique.
e) Montage sur deux bandes son en intervalles de chaque syllabe du dialogue reconstitué par phonèmes.
f) Mixage de la restauration sonore au Studio RAMSES.

Je rencontrais des problèmes similaires dans la séquence de la fuite de Juliette et de sa recherche par Jean, le Père Jules et le gosse.

Sur les huit plans remontés, deux seulement étaient tournés en son synchrone, le reste avait été filmé en muet et tourné à la manivelle sur une DEBRIE PARVO « L » par Boris KAUFMAN. Il fallait donc reconstituer l’ambiance du port et du déchargement de la péniche, Jean appelant sa femme, et Juliette répondant d’une voix lointaine. J’ai donc utilisé la même méthode que pour la reconstitution de la scène de la cigarette dans le nombril du Père Jules, en recherchant ici et là sur toute la piste sonore du film, les ambiances et les dialogues susceptibles de me servir pour redonner vie à ces six plans. Sur une bande étaient montées les ambiances et sur l’autre, les dialogues et les voix-off. Le tout mixé par le Studio RAMSES.
– Le Père Jules donne un coup de pied aux fesses du gosse (CF).
– Durée de la bobine #4: 12′ 27″

BOBINE #5

Reconstitution intégrale et inédite du premier couplet de la chanson du camelot, tourné à deux caméras synchrones aux Studios des Buttes-Chaumont -GFFA.
– Durée de la bobine #5: 11′ 08″

BOBINE #6

Élément intégralement d’origine (BFI).
– Durée de la bobine #6: 10′ 02

BOBINE #7

– Plan de coupe du phonographe.
– Plan général de Jean plongeant dans l’eau à partir de la péniche (CF).
– Jean lèche un bloc de glace (CF).
Restauration son de la valse de la SUITE FRANÇAISE de Maurice JAUBERT, dans la séquence du phonographe réparé par le Père Jules et présenté à Jean sur le pont de la péniche en travers du fleuve.
Réintégration de la séquence du montage parallèle entre Jean & Juliette se désirant mutuellement (BFI).
– Durée de la bobine #7: 9′ 22″

BOBINE #8

– Jean marche dans le port du Havre (CF).

Remontage de la séquence du Père Jules recherchant Juliette avec intégration du plan où le Père Jules est à la station de métro Stalingrad (ou Jaurès).
– Plans supplémentaires du délire de Jean sur la plage de Saint-Adresse (CF). Pour ces séquences, intégration d’ambiances sonores suivant le procédé employé dans la bobine #4.
– Intégration de la chanson ELLE A DU CHIEN dans la séquence du magasin de musique. (Composé par Charmel & Sellers. Interprété par Georges Sellers & l’orchestre du Bal Tabarin- Disque 78trs « Gramophone-La voix de son maître »- Orch 50-1263. N° CAT K 6200-BIEM) – (Collection privée JL.BOMPOINT).
– Intégration de la version avec orchestre & choeurs du Chant des Mariniers (JAUBERT-GOLDBLATT) – (BFI).
– La péniche vue d’avion (CF – Truqué par le Studio EXPOSURE : Il y avait deux à coups désagréables à la vue provoqués par les turbulences de l’appareil qui ont été recadrés et ralentis en trucage. Grâce à Jean-Paul ALPHEN, nous avons pu apprendre que ce plan a été tourné par Boris KAUFMAN une fois le premier montage terminé, à la demande de VIGO déjà malade et malheureusement alité ).
– Final musique restauré. (Vocal chanté par Marthe JAUBERT).
– Durée de la bobine #8: 11′ 17″

DURÉE TOTALE DU FILM: 88′ 07″


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